Itera : coupe du monde de raid en Ecosse

Voici le Compte rendu, surement trop long, de notre périple écossais. J’ai beau dire qu’un raid ca ne se lit pas, ca se vit… ca permet de laisser une trace pour plus tard!
Cette fois-ci pas de photos de 4 héros, mais des paysages traversés que nous avons explorés de nuit, au levé du jour ou en pleine journée:

CR ITERA 2019

« Ce que j’ai appris des arws, c’est que quand tu crois que tu es le plus au fond, peux y avoir encore pire » Gloria

C’est vrai que le raid n’a pas commencé sous les meilleurs auspices. Bloqués 41 heures a Amsterdam, on rate le briefing, et toute la cérémonie d’ouverture du raid.
Vendredi 19h, on pose les pieds à Amsterdam. Quelques minutes pour atteindre le transit et on rejoint Gloria… enfin… en vrai !
Bonne ambiance, discussion autour du raid et puis embarquement… jusqu’à ce que l’on apprenne que le vol est annulé. Pas trop d’info pour savoir quand on va pouvoir repartir, demain ??? Surlendemain ?? Aberdeen ?? Inverness ?? Pas de stress mais on sent que pour entamer le raid, ca ne sera pas optimum. Finalement le couperet tombe, Gloria partira le lendemain pour Aberdeen, nous, nous restons bloqués à Amsterdam jusqu’au dimanche après midi (départ de la course lundi matin).
Heureusement internet existe et les réseaux sociaux fonctionnent plein badin. Pendant que le briefing a lieu, les jeunes d’Adeorun nous balancent les cartes, on récupère celles du live (incroyable, les postes sont déjà dispos) et on trace sur les téléphones et la tablette de Cédric.
Balade en ville, quartier rouge, buffet à volonté à l’hôtel, perso la pression monte !

Arrivés à Inverness, et après un peu de tétris pour faire rentrer les caisses à vélo dans le taxi, et nous voilà rejoindre Gloria à l’auberge de jeunesse. L’orga nous rassure en nous disant que nous avons le temps de rendre les caisses et les 7 sacs à préparer pour les différents AT….mais avant 20h tout de même !
C’est parti pour tout déballer, tout re-ranger. Pas vraiment le temps de penser aux transitions, on pense surtout à anticiper la bouffe et ne rien oublier par rapport au roadbook ! Comment partir pour le 1er trail et le 1er canoé ??? On ne veut pas sacrifier trop de vêtement… le temps parait menaçant. Ca y est, on est dans le raid ! ! !
Une fois les sacs et les caisses de VTT rendus (pliés en 3h contre 36h pour les autres équipes), il va falloir penser à tracer, et plastifier les cartes… un chantier ! Il est déjà 20h, on n’a pas mangé depuis le matin, et nous avons 2 jeux de 11 cartes.
Cédric part acheter des victuailles pour le matin, on trace avec Niko et Gloria. Eoghan Carton, un concurrent irlandais nous prête sa plastifieuse et tout ce qu’il faut de pochettes pour plastifier, il nous propose également des sandwichs qu’ils n’ont pas mangés… Trop cool !!!!! La solidarité des raideurs dans les moments difficles.
Couchés minuit, levés 5h45 pour le départ en bus pour le lieu du départ. 2h de transport en longeant la côte. Encore 30’ avant le départ du château tout aussi écossais que son propriétaire, en Kilt, qui lance la course d’un coup de fusil.

Spéciale 0
Rien à dire de particulier, un trail de 5km qui nous fait passer dans les balades locales entre singles et torrents, pour finir le long de la côte, entre les hautes herbes d’où nous distinguons l’AT1 et les embarcations.

Spéciale 1
On doit arriver dans les 15, la transition est moyenne, pas vraiment eu le temps de préparer la veille. On cherche un peu le matos, puis c’est parti pour 20km. On longe la côte. Le vent a tendance à nous faire dévier mais le cap est bon. Le rythme est correct car on rattrape 4 ou 5 équipes. Une petite distance s’est établie entre Céd’ / Gloria et Niko et moi, mais nous accostons avec quelques minutes de différence. La transition est là aussi un peu longue. Des équipes partent avant nous alors qu’elles étaient derrières à la fin du canoë. 4h02 avec la transition pour se débarrasser des affaires de canoë, enfiler celles de vélo et remonter les VTT.

Spéciale 2
Le choix de dernier moment proposé par Cédric sera celui que l’on prendra. On fait le tour de la première bute. Plus de kilomètres mais pas de ligne pour entamer notre premier rendez vous avec le VTT en terre écossaise. Un peu de route puis très rapidement du sentier qui se transforme en single pour finir en … rien ! plus de trace, plus moyen de rouler réellement… grhhh !!! du débardage, des marais et de la tourbe. Notre progression est ralentie mais on sort de là après une heure de galère.
Le chemin forestier est maintenant meilleur… la suite nous prouvera que non ! C’est reparti pour du chemin peu roulant. De la boue, du portage, des flaques de 10m de long ! Tout le monde est bien là, ca gaze mais, au fond, l’inquiétude des 110kms est là, du barrage horaire. Le premier poste est atteint au bout de 2h54 de course ! Yeah !!!!
Une petite cabriole au fond d’un fossé avant de sortir de cette partie délicate du parcours. On croise Rob Howard, puis chemin forestier qui nous permet de traverser la campagne marécageuse de l’Ecosse. La seconde partie est plus roulante, sans de grande montée mais des faux plat montant, bordée de forêts de pins et de coupes, où les marais ont remplacé la forêt. Toute le monde suit, le rythme de l’équipe est homogène.
Histoire de renforcer la réputation chevaleresque des princes noirs, une petite altercation avec un autochtone, qui semble t-il, trouvait que l’on n’avançait pas assez vite. Descente de sa voiture, bon on ne va pas se battre pendant un raid…?! Plates excuses, sans vraiment savoir de quoi il faut s’excuser.
Après un long périple, la décision est prise on garde la gore tex. Les sessions pluie, il fait beau s’enchainent.
Arrivés de nuit à l’AT3, c’est parti pour mettre la néoprène et les affaires de canoë. La spéciale tant redoutée est devant nous !

Spéciale 3 :
Là aussi la transition est un peu longue. Beaucoup de questions sur la spéciale à venir, les vélos à ranger, faut manger car on part potentiellement pour 20h (…au moins !!!) et il y a un trail au cours de cette spéciale. Pour rajouter à la difficulté, il y a un changement de règlement !
Un peu de marche pour rejoindre les embarcations, puis c’est parti, de nuit, juste incroyable, sur un loch. Les sensations sont magnifiques. On éteint les lumières pour se laisser guider par les ombres des montagnes. Quelle chance de vivre un moment comme cela. Ca transcende la course, juste unique !
On rame un peu à l’aveugle, de nuit, au 1/50000, difficile de savoir où il va falloir s’arrêter pour attaquer un somment en bord de rivière qui unit les différents lochs. On finit par accoster… pas assez loin ! Changement de tenue pour gravir les 600D+ annoncés : Le Sulliven. Une petite galère de 20 min pour attaquer le chemin. Les frontales des autres équipes nous guident. On croise Ligéraid et Adéorun qui descendent qui nous préviennent que les conditions sont dantesques en haut. Il y a un brouillard à rien n’y voir et le vent est très violent. La montée est sèche, droit dans la pente (comme j’aime comme dirait certain !). On monte sans voir où cela s’arrête tant la nuit est noire et le brouillard s’épaissit. 4h30 pour l’aller retour, pour une balise exposée au vent puissant qui nous déséquilibre (13ème temps). Attention pas de faux-pas, ce serait le dernier… ca donne le ton de l’aventure. L’organisation nous avait dit que nous étions responsables de notre sécurité ! On commence à comprendre pourquoi ! Attention danger ! 600m brutes de vide se présente à nous de chaque côté du chemin.
Retour sur notre bateau pour la partie déménagement du raid. Heureusement les bretons font partie de l’équipe. Un grand respect pour Niko et Ced’ sur cette partie du raid. Le percheron n’aura jamais aussi bien porté son nom. Sangles attachées au torse, voila que ca tire, ca porte les canoës de loch en loch. Jamais je n’aurai pu croire que l’on passerait les rochers, les canyons, traverser les ruisseaux. Gloria et moi portons les sacs étanches, les pagaies et aidons sur le tractage.
Un long portage de 3 ou 4km sur la route nous amène à la balise grâce au trolley. On embarque sur une crique toute bretonne. Le tracé du canoë a été modifié pour être rallongé. Les conditions météo ne sont pas bonnes et nous obligent jusqu’à la fin de la spéciale à rester à 150m du bord. On comprend pourquoi. Cette fois c’est en mer, vent de face, houle de ¾. On rattrape 2 équipes dont les jeunes d’Adoérun. Les creux grandissent, on a l’impression d’être inefficace sur la rame. Le dernier kilomètre pour atteindre la plage est interminable, proche d’une heure, pour atteindre encore une nouvelle partie de portage, d’abord au milieu des marécages, puis après un bon céréal-bio, sur la route. Ca se passe plutôt pas mal avec Gloria, on avance bien, mais nos 2 déménageurs bretons sont souvent derrière… que ce passe t-il ? Après les ¾ du parcours, ils se rendent compte qu’ils ont explosé la roue du trolley !!! Rien de grave on répartit les forces et on finit ce portage !
Sur la plage, je suis inquiet parce les conditions météo sont pires. Le responsable de l’orga nous attend. Il nous dit que cela va être dur, mais que ca passe et qu’au moins 6h de rame nous attendent. Gloria ne lui laisse aucun doute sur nos intentions… en avant ou Som-hi (catalan). Je pars en râlant dans ma barbe, on va galérer, ca ne passera jamais ! On doit longer la côte, prendre la houle de profil, les creux grandissent, c’est de plus en plus compliqué. Après 2h de rame à progresser difficilement (2 ou 3km/h) une navette arrive à notre rencontre, et nous demande de débarquer. Les conditions ne sont plus acceptables et les autres équipes sont à l’arrêt tant le vent et la houle sont forts. Soulagement, je pense que l’on y serait encore !
Naufragés, on fait sécher nos affaires et nous rassemblons les affaires de canoë pour préparer la future transition. Un bus vient récupérer toutes les équipes qui sont comme nous autour de la baie infranchissable. Le temps s’arrête… on dort dans le bus. Un gros morceau nous attend encore… 65Km de trek ! On a raté le canyonning… dur !

Spéciale 4 :
La transition est dans une sorte de hangar, on se réveille du bus, on mange, on repart là encore dans une nuit noire pour attaquer l’ascension d’AnTeallack. Prendre 1000 D+ le long d’un ruisseau en ne s’aidant que des ombres des montagnes comme repères et des frontales dispersées des concurrents. Les distances sont écrasées et l’enchainement des barrières rocheuses est difficile à cerner. Pas de chemin que du hors sentier. Finalement on attaque un peu à contrario des autres équipes. Une belle ligne droite dans une pente aigue pour atteindre un plateau. J’oriente, j’ai la pression d’avoir fait une connerie, j’accélère pour me rassurer d’être sur le bon chemin. Finalement des équipes parties avant nous nous rejoignent. On aura pris des lignes mais gagné un peu de temps ! Le vent sur les hauteurs est surprenant de force, veste et pantalon Gore tex obligatoires.
Vient l’ascension dans un pierrier sans fin pour atteindre le somment. Au pris d’un bel effort on atteint la balise. Niko mène la danse dans la nuit noire et un vent qui ne cesse de m’inquiéter tant les crêtes sont acérées. Là aussi pas de faux pas… pas de kern, pas symbole… pas vraiment de trace ! Quelques hésitations sur le chemin à prendre et sur la sécurité du parcours. On doit mettre les mains, passer de travers en pas chassé, le vide derrière nous… c’est chaud avec ce vent violent. Le passage sur la carte est obligatoire, on est en haut des crêtes, il faut longer le cirque pour pouvoir redescendre sur l’arrondi de la montagne. Un soleil rose se lève, grandiose. La vallée face à nous est digne de l’imaginaire scandinave. Des vallées arrondie et encaissée, mélange de gris et de vert, surplombées de barrière rocheuses… Wahou !!! on sait pourquoi on est là.
Une pause sommeil et repas avec les midges le long de la rivière. La question de la balise optionnelle se pose. On est en short course depuis le canoë précédent, mais il faut gagner du temps. Tout le monde n’est pas engagé dans l’ascension du prochain poste. Heureusement 2 solutions d’attaque se posent à nous, dont une qui nous conduirait plus rapidement au prochain AT. Si l’ascension parait possible, on l’attaquera par là sinon tant pis ! La marche est en fond de cette vallée arrondie. On accélère le pas. Faut gagner un peu de temps !
L’attaque est possible, les lignes sont plus espacées, la solution est bonne ! là encore c’est sans trace, que du off road. Je tracte Gloria sur l’ascension. Je crois que l’on ne regrettera pas notre détour et l’énergie dépensée. Perchée sur une crête, sur le Beinn Tarsuinn’, la balise est positionnée sur « un terrain de tennis ». Un ponton accroché à une crête presque horizontale qui domine 2 vallées de toute beauté. Face à nous 630m de vide à quasi 360°. Photo, sourire, heureux d’être là !
S’en suit une descente interminable de 10 à 12km, d’abord dans un canyon, puis en fond de vallée sur un sentier dans les fougères… le truc chiant pour finir une spéciale !

Spéciale 5 :
Le VTT nous attend. L’organisation nous prévient que nous ne pouvons pas aller prendre les postes optionnels. La trace nous est imposée. Maintenant faut avancer. Surprise de l’organisation, une pause de 20 minutes est obligatoire dans la tente pour toutes les équipes.. ???!!! mais pourquoi donc ??? On décide de tout préparer pour pouvoir enchainer une fois les 20mins atteintes. Il pleut dru dehors, un temps irland… heu écossais ! Les VTT sont montés, les sacs prêts, la tente nous attend. Gloria rentre en 1er, puis moi… déjà la tente parait bien remplie… Cédric se hisse à l’intérieur toujours en évitant de faire rentrer les midges qui sont déjà bien nombreux dans l’habitacle… mais il manque encore niko… fou rire, Niko ne peut pas rentrer, laisse l’ouverture aux midges… ca y est la totalité des midges de l’Ecosse est dans la tente. On est sur la tranche, moi au bord qui prend la pluie, Niko retient sa respiration pour ne pas faire éclater la tente…
On est en début de soirée et le ciel est noir, ca sent la pluie… progression lente mais sûr, une fausse route, une crevaison, puis la nuit noire ! Une longue ascension, Niko tracte Gloria, la montée est sans fin avec une pluie battante qui nous empêche d’y voir quoique ce soit. On bascule pour entamer la descente mais la pluie redouble. On a froid. La décision tombe, on s’arrête à une maison. Marteen nous ouvre, un peu surpris de voir 4 personnes trempées dehors, à 23h. Il nous ouvre son garage, nous offre des matelas gonflables, des duvets, du thé et du café et quelques gâteaux au réveil… trop bon !!!
2h de sommeil… la pluie a diminué, la progression est sur route vers un col. La montée est ardue, et se transforme en boue, la descente est pour finir chaotique, portage dans une vallée encaissée, rocailleuse et boueuse. On rejoint enfin la route. Cette partie est plus habitée, on longe un loch pour atteindre le château d’Highlander… Encore pas mal de route pour atteindre le prochain AT. Perso j’ai pas mal puisé, je sens la fatigue monter et la perspective du trek à venir m’inquiète. Allez encore 3 spéciales et la ligne d’arrivée… SOM-hI !!!

Spéciale 6 :
Là encore pas le choix, on doit suivre la route la plus rapide, celle de la short course. Un fond de vallée pyrénéen, vers un col. Il fait beau, même chaud. L’ascension se fait à bon pas. Je me mets derrière Gloria. Céd et Niko mène le rythme. Une petite divergence de point de vue pour atteindre le col, un plateau de verdure et de marais pour attaquer directe la descente. On devine les passages de la full course qui passe sur les crêtes perchés 400m plus haut… un joli chantier !!! Les hollandais du team Léopard sont devant nous en point de mire… La descende est là aussi hors sentier, jusqu’à une route. On dépasse les bataves qui sont allés boire une mousse et on attaque les 2 autres cols qui suivent. Mes pieds sont endoloris et les ampoules se font sentir. Céd et Niko orientent, Gloria suit… comme toujours, sans jamais faiblir.
D’abord de la route comme guide pour atteindre le 1er col, puis un passage marécageux pour atteindre le 2ème. Les Hollandais sont revenus, Gloria monte en température, on accélère dans la descente jusqu’à l’AT.

Spéciale 7 :
Un peu de portage, ca manquait, pour commencer le Canoë. Bon là je ne me rappelle plus de tout, pourtant elle a duré longtemps… 2 coups de pagaie et je m’endors. On alterne avec Niko, mais clairement je puise… Le sommeil est salvateur mais à chaque réveil, on est congelé de ne pas avoir pagayé pendant les quelques minutes de repos.
C’est compliqué de savoir où on est. Nous sommes partis de nuit et dans les premiers rapides de la spéciale, nous avons perdu les cartes dans l’eau. Des équipes ont chavirées, nous avons pu passer mais au pris de faire cette spéciale à vue, en mémo ! Après les rapides où je dirige au son des commandes de Niko (droite… gauche…) notre cheminement aboutit sur un loch… un long loch… un très long loch ! On sait qu’il y aura du portage pour éviter des zones dangereuses et pour laisser les bateaux. Nous n’avons pas passé le barrage horaire du rafting, donc nous devons laisser les canoës à l’organisation, faire 5km à pied (équivalent au passage du rafting) puis de nouveau récupérer nos embarcations.
On se transforme cette fois en forestier en débardant les canoës à travers forêt tout en suivant le rivage. Une fois les bateaux donnés à l’organisation, nous partons pour 5km de marche. Le froid est terrible, les combinaisons sont trempées, les thermiques remplis d’eau. Je grelote, malgré la marche, ma vue se trouble pour de temps en temps disparaitre. J’ai un peu un coup de flip, je n’ai jamais eu aussi froid de toute ma vie ! On continue à longer la rive, je crois que mes partenaires n’en mènent pas large non plus, je suis comme dans une bulle ne me préoccupant que de moi. Céd’ ouvre une cabane, la décision est prise, on s’arrête, opération bothy bag… niko reste en combinaison et se met sous l’abri tout comme Gloria, Céd’ me prête 2 couches sèches. 3’ pour me changer et je rejoins les 2 sous l’abri… comment dire ??? Cette odeur … c’est quoi, c’est qui ??? il fait ultra chaud là-dessous, se mélangent les odeurs de transpirations et de combis mouillées ! Une horreur… ! Mais bon je préfère mourir de d’intoxication que de froid. Niko est assis la tête sur les genoux, Gloria contre son dos. On se met dos à dos à 3, Céd préférant la douceur de son bivy !
30 min de récup et on repart réchauffés mais pas fiers ! On récupère les embarcations, faut remettre les combinaisons et tous les textiles mouillées… je suis inquiet à de nouveau être pétri de froid… personne ne parle trop, moment de doute….Com-hi !!!
Nous voilà repartis. Un canal nous dirige vers l’AT. 4 portages pour franchir des écluses nous séparent de la fin de spéciale. Les belges et les hollandais nous dépassent sur le bateau tout en restant à distance. Encore 1h30 de rame pour le dernier AT et la dernière spéciale de VTT.

Spéciale 8 :
Gloria nous l’annonce, c’est clair, on doit arriver avant les équipes belges et hollandaises.
Transition express, Céd’ avait pourtant dit qu’il voulait se poser. Heureusement grâce à ses doigts de fée, il arrive à me remettre la roue (que je n’arriverai plus à enlever par la suite…). C’est reparti, les belges sont 100m devant, les hollandais toujours pas partis ! L’organisation nous impose 50km de route contre les 70 du parcours de la full course. Un gros col s’offre à nous sur la route. Quasi 400d+ en un peu plus de 6km. Le rythme est bon. Gloria qui ménageait ses efforts sur les ascensions vélo est devant avec nous. S’en suit une longue descente, entrecoupée de bosses, ca sent la fin, l’aboutissement d’un long périple… Coup de fatigue sur la fin, je m’entends parler, les 30 dernières minutes sont pénibles, mélange du stress de l’arrivée et de la poursuite des autres équipes.
Arrivés sur Inverness, nous voila chercher l’arche de fin… un petit aller retour sur la route, 2 ou 3 coup de klaxons, peu importe, nous y sommes !!!

On s’embrasse, content d’être arrivés jusque là, d’être passés par ces endroits là, d’être sortis de ces situations ensemble… 542 kms au tracker… Pizza, bière et coca !

La fin de séjour écossais sera une version inverse de notre arrivée : tri du matériel, rangement des vélos, petit tour en ville autour d’une Guiness et d’une session mac do !
Dernier coup de flip, le réveil ne sonne pas, on ne s’en rend compte qu’à 9h10, l’avion décollant à 10h55. Le taxi est parti sans nous… On commande un taco, retétris pour les caisses et les sacs…. Back to France !

Ce raid aventure se sera transformé en Expédition à travers la diversité des terres isolées, hostiles, sauvages et incroyables d’Ecosse. Mélange de paysages pyrénéens, scandinaves, bretons ou d’un tou autre monde ! Rétrospectivement je suis toujours aussi étonné de ce que notre corps et de ce que notre volonté sont prêts à braver pour continuer, pour avancer, marcher, pédaler, pagayer, sans sommeil, et dans le froid.
Merci à mes supers partenaires pour leur clairvoyance et leur sérénité. Merci à Niko déménageur et qui a su donner le rythme de la progression. Merci à Céd, qui je crois n’a jamais douté, pour ses gants lors de l’ascension du An Teallack et les 2 couches salvatrices. Merci à Gloria, autonome dans les AT, fière dans l’effort, presque pro dans ses attitudes, qui ne dit jamais non, et qui a accepté de nous accompagner dans un pays où la moyenne des températures annuelles n’excède pas 8°. Merci pour l’entraide dont nous avons su faire preuve. Merci aux organisateurs car il aura fallu avoir de l’imagination pour avoir le courage de nous faire passer par de tels endroits et de nous faire vivre de telles expériences. Merci à Marteen pour la confiance et l’humanité dont il a fait preuve pour accueillir 4 parfaits inconnus, étrangers, en pleine nuit. Merci aux nombreux messages reçus sur les AT qui réchauffent le cœur, à Ju qui a assuré le live sur FB et qui a rassuré les familles derrière leur écran, ainsi qu’à tout ceux qui nous ont suivi et qui ont participé à l’achat des buffs.
… et maintenant… ben c’est quoi le prochain !?

Pour marque-pages : Permaliens.

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