Voilà le Cr de Lola une championne ….
On est vendredi 01 juillet, fin des épreuves du brevet, je saute dans la voiture de Cédric avec les
trois zigotos (Bastien, Ewen et Corentin le naufrageur) à l’arrière, direction Orléans pour y
retrouver le reste de l’équipe Prince Noir qui participe au Championnat de France de Raid Jeune.
Après une nuit de folie avec Camille, Marjorie, Justine et une clandestine Romane, on part pour
Compiègne la musique à fond dans la voiture. On installe le campement et on attend le début du
Raid.
Samedi 2 juillet à 20h06, départ du prologue des championnats de France de Raid à Compiègne
avec mon super coéquipier, Emile alias Milou mais on ne m’appelle pas Tintin. Déjà, on part avec
15min de retard alors que les premières équipes juniors sont parties à 18h. Ils ont tous déjà fini et
sont déjà douchés pendant qu’on s’échauffe et qu’on se prépare pour le prologue avec la deuxième
équipe minimes mixtes du club, celle de Justine et Antonin.
On commence avec 1,8 km de R&B, Émile commence à courir pendant que je prends le VTT qui se
trouve juste devant la sortie du parc VTT (bien joué Milou pour avoir trouver cette place stratégique
tu t’es bien battu (-; ) donc on commence avec un bon rythme jusqu’au premier canoë où on double
la plupart des équipes devant nous et même des équipes masculines ! Sur cette partie on a bien
carburé et Émile a bien manœuvré (on pense très fort aux pêcheurs qui à cause de nous n’ont attrapé
aucun poisson et qui voulaient savoir qui nous avait forcé à faire ça pour appeler les services
sociaux). On sort du kayak en tête et on part encore sur un R&B un peu plus long de 2,4 km où les
changements sont fluides et le rythme soutenu puis on arrive au parc à vélo pour enchaîner sur les
fameux 40 m de natation ! Je ne redoutais pas forcément cette épreuve car je nage plutôt bien mais
je venais de courir et dès que je suis rentrée dans l’eau tout mon équipement s’est alourdi … et là,
ça a été dur, je ne le cache pas mais ne voulant pas perdre de temps je me suis mise directement sur
le dos pour pourvoir mieux avancer et respirer (je me rappellerais toujours de la tête de Milou à ce
moment là, il était tout épuisé et il n’arrivait pas trop à nager. De mon point de vue, c’était très
drôle !). Après on sort de l’eau, je prends la carte et c’est parti pour une CO niveau bleu/vert je
pense. J’oublie vite la natation et rentre dans la carte (à ne pas prendre au sens propre (-; ), on
enchaîne les postes très facilement avec une jolie petite côte qu’on monte en trottinant entre la 6eme
et 7eme balise de notre parcours. Émile est douteux de notre parcours, il pense que j’ai oublié une
balise alors je le rassure en lui montrant vite fait la carte mais après réflexion je pense quand même
qu’il a bien fait de vérifier derrière moi car on ne sait jamais mais c’est pour ça que je trouve
dommage qu’il n’y ai pas eu une carte chacun pour vérifier. Bon, après on finit la CO avec un petit
trail où on donne tout, Émile commence à me pousser dans le dos mais il a très vite arrêté vu que
j’étais en forme.
On est les premiers minimes mixtes à arriver, on a mis 51’52, on est plutôt fier de nous. On a fait un
prologue sans erreur c’est parfait mais on attend les résultats pour savoir en quelle position on part
pour le lendemain. On rentre à la base de course pour enfin se doucher mais l’inconvénient d’être
partis dans les derniers … C’est qu’on doit prendre une douche froide ! C’est un peu plus dur d’en
prendre une que d’habitude quand l’eau de la douche est plus froide que celle de la rivière qu’on a
traversé. (T_T) Je dors super bien avec Justine dans la tente et c’est parti pour la deuxième journée
du Raid, la plus importante. Je commence à stresser un peu mais j’ai pas le temps de m’en
préoccuper, on part directement au magnifique château de Pierrefonds pour le départ. L’organisation
du parc VTT n’est pas folle, du coup on attend et j’ai très froid mais l’ambiance des PN me le fait
oublier. 🙂
Quand on est au départ dans la cour du château tout le monde se rassemble pour le briefing, tout le
monde est remonté à bloc … en tout cas moi je le suis. Je sens que je vais tout donner et je sais que
Milou aussi donc c’est parti pour la grosse partie de ce premier Raid France pour moi ! On
commence par un trail qui était censé être balisé avec une carte mais on ne voyait rien sur la carte
donc tant pis on prend à peu près le même chemin que celui de la marche d’approche. On double
deux trois équipes masculines devant nous mais qui vont en grande partie nous rattraper sur le VTT
balisé avec carte de 7 km, on commence par rouler sur du plat mais une montée s’offre très vite à
nous ce qui ne me fait pas très plaisir vu mon niveau en VTT. Émile part devant et tiens les autres
équipes pendant que je galère derrière alors que c’est que le début du raid. Je me dis à ce moment
que ça va être dur vu comment je douille sur une petite côte… Arrivés en haut Milou me met
directement le système de tractage et c’est reparti pour coller les autres équipes devant mais le
problème c’est qu’il n’y a que des tarés du guidon comparé à moi qui n’avance pas ! Mais bon, on
ne désespère pas !!!
On arrive à la CO vue satellite et on prend nos cartes. Je commence à faire l’itinéraire, on part en
concurrence avec plusieurs équipes masculines, on se tire la bourre et arrivés à la première balise on
voit un magnifique combi Volkswagen marron, du coup j’ai pensé à mon papa qui en a aussi un et
ça m’a reboostée pour la suite de la course. On fait aucune erreur, on croise l’équipe n°6, celle de
Allan et Yann et à notre 4eme balise on part juste un peu loin mais on se remet très vite dans la
course. (ndlr on se demande bien pourquoi une telle étourderie …)
Ensuite viens le VTT’O qui commence avec une belle côte. On reste avec les équipes de Raid’Alp
qui sont beaucoup trop fortes en VTT. Ils roulent à une vitesse, je trouve ça hallucinant ! Vraiment
pendant tout le Raid je me suis rendue compte à quel point il était nécessaire pour moi de progresser
en VTT, je compte vraiment m’entraîner le plus possible pour réduire cette écart ! Pendant ces 7km
il y a eu pas mal de montées et de descentes avec 120 de D+ d’après les indications du Road Book
mais il y a eu aussi une belle partie de plat et même sur le plat, Milou m’a tractée, c’est vraiment un
Warrior.
On arrive sur le tir à l’arc … J’en ai mis une c’est déjà pas mal … Milou fait un tir royal, il les met
toutes. Il a fallu qu’on m’explique avant que je comprenne parce que j’étais un peu fatiguée et le
temps que ça monte au cerveau … il a fallu deux flèches … je sais que c’est pas grandiose mais j’ai
fais comme j’ai pu et on a pas fait de tour de pénalité youpiiii !!! Ce qui nous donne juste un peu
d’avance sur les autres, on sort du parc à vélo et là l’équipe juste devant nous casse la chaîne d’un
de leur VTT, j’avais de la peine pour eux mais on ne s’arrête pas après tout on joue le titre. Ce VTT
n’était pas super, je crois qu’on a pas trop avancé mais je crois aussi que j’étais bien crevée vu que
j’en ai aucun souvenir…
La CO tyrolienne s’est plutôt bien passée, Émile qui commence à fatiguer mange un morceau mais
moi ça va, je suis concentrée sur mon orientation, je mange quand même deux saucissons ( c’est la
base le sauciflard). On part et pour aller à la 2eme balise dans une descente je me rétame par terre,
c’était hilarant, je me suis couchée sur le sol pendant que Milou mangeait tranquillement son
saucisson mais on a pas le temps de s’arrêter !!!!! Du coup on continue jusqu’à notre 8eme balise
qu’on poinçonne et là Milou me dit : « allez Lola on se dépêche il y a le gel de temps juste là !!! »
et là … j’entends des cris mais des cris vraiment très aigus, une voix un peu enrouée et je relève la
tête je vois Emile qui commence à hurler de douleurs et qui gigote dans tous les sens en faisant des
grands gestes, au même moment je sens quelque chose qui vient de me piquer dans le cou (on m’a
attaqué à la carotide mdr). Milou me dit en criant « Reste pas là il y a des guêpes couuuurs !!!! » du
coup on se met à courir de toute nos forces, entre temps j’ai récupéré la carte d’Émile qu’il avait
jeté par terre et on va au gel de chrono. Je vois Milou avec une de ces têtes ! Il avait mal le pauvre,
ça se voyait très clairement. On lui enlève les dernières abeilles et quelques dards qui étaient restés
accrochés sur lui avec une gentille madame qui s’occupait de la tyrolienne. On en profite pour faire
une grosse pause où on mange et on se remet chacun de son côté de nos émotions. On voit partir
l’équipe de Yann et Allan et on voit arriver pas mal de temps après le seconde équipe mixte, donc là
je me mets un petit coup de stress mais Milou relaxe me dit : « T’inquiète, ils sont arrivés au moins
5 min derrière nous, on a encore de la marge » donc je l’écoute et pars en première pour la tyro.
Alors c’était… trop bien !!! J’ai kiffé tout simplement j’avais l’impression de voler, ça m’a même
soulagé les jambes ! Mais quand tu mets plus de 5min à essayer d’enlever tes mousquetons alors
que tu fais de l’escalade depuis longtemps c’est là que tu vois à quel point l’effort est dur et que la
lucidité se fait de plus en plus rare T_T mais ce qui m’a boostée c’est le sourire des gens en me
voyant arriver sur la tyrolienne en me félicitant d’être la première fille à passer sur l’épreuve et ça…
c’est bon pour le moral, ça veut dire qu’on est premiers !!! (dans notre catégorie). J’attends que
Emile finisse sa tyrolienne pour repartir et malheureusement il a perdu une de nos deux cartes en
faisant la tyro… bon, c’est pas grave on repart avec une autre équipe masculine,on fait une petite
erreur mais pas très grande et on part sur la VTT’O.
On enchaîne bien les balises, Emile me tracte tout le long, on perd un peu de temps sur les arrêts en
tractage mais Emile oriente très bien malgré une petite erreur où je lui dis qu’on doit tourner mais
on continue tout droit. C’est pas grave on la rattrape vite.
Vient maintenant le tir au pistolet laser et comme vu précédemment je ne suis pas Robin des bois
mais je ne suis pas non plus Lucky Luke … j’en mets quand même 3 sur 5 donc je fais une petite
pénalité, je passe je relais à Milou qui fait un tir sans faute très rapide, j’ai presque pas eu le temps
de manger ma compote. On part en tête avec avec deux équipes qui sont en chasse bien sûr ils
nous rattrapent vite sur le VTT balisé.
Sur cette épreuve je me sens bien, je vois que Émile fatigue un peu donc je me dis que sur le
prochain trail je vais pouvoir le tracter… bon pas de chance pour moi, sur la descente en ligne
droite vers le parc à vélo, ma roue avant se plante dans un trou que je n’avais pas vu, je passe par
dessus le VTT, je me prends le guidon dans la hanche, je me rattrape en faisant une roulade (merci
Cédric pour tes cours d’acrosport ça m’a finalement servi) je me relève le plus vite possible et là …
je sens une énorme douleur dans la hanche et à l’aine, j’arrive à peine à remonter sur mon vélo en
plus j’avais la respiration coupée par le choc. Là, le mental ne tient plus, la douleur est trop forte je
pars en larme. Dans ma tête c’est le chaos total, je pense à beaucoup trop de choses à la fois, je ne
peux pas abandonner et même pour Émile, on n’a pas fait tout ça pour rien donc on continue ! Ce trail
est devenu la partie la plus dure de mon raid. J’arrivais à peine à mettre un pied devant l’autre en
plus on commence par une grosse montée et là je dis à Émile de marcher. J’avais toujours du mal à
reprendre ma respiration normale, pendant toute la montée je pense à tous les efforts que j’ai fait
jusqu’à présent pour peut être abandonner ?! Il en était hors de question ! il fallait que je finisse ce
raid avec Milou. Arriver en haut on se remet à courir, j’ai toujours mal, de toute façon la douleur ne
me lâchera pas jusqu’à la fin du raid. Même si ça fait un mal de chien, on serre les dents et on
continue. Je cours sur tous les reliefs même dans la descente … ça tire. Je suis désolée pour Émile, de
m’avoir vu dans cet état ça n’a pas du être simple pour toi aussi.
On arrive à la dernière épreuve de ce championnat de France de raid, le VTT fléché allemand, on
passe devant un indicateur qui nous dit que le fléché commence quand on arrive à la route… bon
c’était pas trop ça, fallait plutôt suivre le balisage qui était un peu long. On arrive à la route et le
fléché Allemand se passe très bien, on a toujours un peu d’avance, j’ai toujours mal donc on a un
peu ralenti la cadence d’après moi. Mais, alors qu’on est même pas à 1km de l’arrivée, les chemins
ne collent plus avec le graphique ! On est censé arriver au dernier parc à vélo mais on ne le trouve
pas donc on fait demi tour, on est crevé, dans ma tête je me dis qu’on s’est sûrement fait rattraper,
j’ai mal, j’ai envie d’arriver, de finir ce Raid le plus vite possible. Heureusement Milou trouve la
bonne sortie ! Pour moi il y a une faute de carto c’est dommage pour nous, on perd un temps fou sur
cette erreur. On voit arriver la seconde équipe mixte pas loin derrière nous, petit coup de pression,
Milou m’encourage, Julien est comme un fou à coté de nous, on bipe la dernière balise devant
l’entrée du Château de Compiègne et là ce sont les derniers mètres avant l’arrivée. On donne tout,
on voit Allan qui commence à courir en arrière en claquette, Julien toujours d’arrière nous, on arrive
sur la piste d’athlétisme et on voit l’arrivée enfiiiinn !!!!! J’essaie de continuer à courir malgré ma
douleur, j’en peux plus à ce moment là mais je suis tellement heureuse d’arriver ! Je profite des
derniers moments de ce raid incroyable avec mon super coéquipier. On passe l’arrivée, je veux
m’écrouler, je suis exténuée mais quel bonheur je m’en fous de savoir si on est champion je suis
juste trop fière de nous ! ON A TERMINE CE RAID !!!
On va vider le doigt électronique et on n’a aucune erreur et aucune pénalité, c’est PARFAIT, c’est un
grand soulagement à vrai dire ça signifie peut être qu’on est premier ! Mais là j’ai plus de force j’ai
toujours mal mais j’ai tout donné (Merci Cyril de m’avoir aidée à marcher, non … de m’avoir
portée carrément)
Après avoir fait un petit tour dans la tente des secouristes, j’apprends qu’on est sûrement premier
c’est trooooop géniaaaaaallll !!!!!! On encourage les derniers à arriver et vient le moment des
podiums. Ils appellent les minimes filles puis les mixtes, ça c’est pour nous, ils appellent les
troisième … c’est pas nous (le stress monte) ils appellent les seconds … c’est pas nous non plus …
ça veut dire qu’on est premier normalement ! Le speaker dit : « et les premiers de cette catégorie
sont Emilie Le Borgne et Lola Castillo ! » Et là on éclate tous de rire parce qu’il s’est trompé en
beauté puis il se reprend en disant Emile Rannou–Sériné et Lola Le Borgne ou Castillo, c’est Le
Borgne ou Castillo ? Et bah c’est les deux, c’est sûr que 4 noms de famille il y a de quoi
s’embrouiller mais c’est pas grave c’était drôle et on est tellement heureux de monter sur la
première marche du podium des championnats de France, ça arrive peut-être qu’une seule fois dans
une vie donc faut en profiter (paroles de Julien). Tous les copains des PN crient comme des tarés, je
vois Cédric mon entraîneur depuis la 6ème qui est trop fier de nous, il nous embrasse (Julien aussi
bien entendu) on monte sur le podium, le sourire jusqu’aux oreilles, des étoiles dans les yeux on
nous donne les médailles en or, vu le poids c’est pas du chocolat. On enfile les tee-shirts de
champion de France et je montre bien le maillot de Raid’Alp en hommage à Alek et Milou porte le
trophée à son nom. C’est un moment magique, je me suis demandée comment j’ai pu en arriver là, ça
fait même pas 6 mois que je suis là et j’ai déjà accompli un de mes plus grands rêves ! J’ai eu
beaucoup de chance aussi d’être avec Émile, il a trop géré mais c’est également grâce à mes
coéquipiers qui m’ont donnée envie de m’améliorer toujours plus, aux coachs qui sont au petit soin
avec nous, qui sont beaucoup investis dans n’importe quelles compétitions, entraînements et stages,
aux accompagnateurs qui nous encouragent et nous soutiennent tout le temps et à mes parents qui
sont toujours derrière moi. Un grand merci à tous sans qui je ne serais pas arrivée jusque là, j’ai
vraiment passé un super week-end inoubliable.
Cette médaille en vaut la PN 😉
(attention jeux de mot pourri)
Le récit d’un raid particulier
Lola Le Borgne Castillo