Raid in France 2017



Dur de commencer un récit d’une telle aventure car les images, les mots, les sourires s’entrechoquent. On voudrait tout raconter mais on a peur d’en oublier…
Commençons par le début : un RIF en juin : obligé c’est pour nous cette année !!! On ne peut pas le louper.
8 mois à préparer l’objectif, centraliser le matos, lire tout ce qui peut être écrit sur ce Raid in France.
L’équipe est composée de Fred notre minette comme d’hab, la petite perle qui se gère, se prépare comme jamais et qui dirige en kayak. Sébastien avec qui je cours mon 3ème non stop, une complémentarité qui se met en place, mon pote, celui qui va nous mener en VTT et qui va réparer. Et enfin Clem, mon acolyte de toujours, aucun non stop avec lui mais des dizaines de raids partout en France ensemble. Et ce RIF c’était avec lui obligatoirement : on en rêvait quand on a commencé alors il ne pouvait pas ne pas être là à mes côtés dimanche soir à minuit pour ce prologue : le fameux swimrun !!!

Je vous passe les détails de notre arrivée à Devesset sous la pluie, avec une tente qui prend l’eau et nos caisses que l’on fait, refait , re-démonte puis remonte….. La cérémonie d’ouverture a eu lieu. On est prêt.

Le swim run se passe bien, l’ambiance est cool. On arrive au premier AT (aire de transition), on monte les vtt et on récupère les cartes qui doivent nous mener dans le sud Ardèche…

58 km de vtt : on est direct dans le bain avec une orientation compliquée : le 50000è va être notre sujet de discussion pour la semaine. On galère sur quelques traces, on crève une fois. On ne mettra pas loin de 10h30 sur cette section.

On enchaîne avec un trek aquatique de 19 bornes, on y passera 7 heures. Comme quoi sur le rif, la vitesse de progression est limitée….Superbe section dans laquelle on fait un match Suède-France et on Zlatanne nos amis à la sortie de la rivière…Seb a insisté pour aller plus loin alors que l’on s’apprêtait à rebrousser chemin se disant qu’on avait loupé la balise…les Suédois ont fait demi-tour à 500 m de la balise. On sort de cette gorge en traçant droit dans la pente. Il fait chaud, on mange et l’arrivée est compliquée à gérer avec une descente dans du roncier touffu !!!

Contrôle matos à l’AT, on voit Isabelle : quelques échanges pour se rassurer et c’est parti pour le kayak…

37 bornes où on descend l’Eyrieux puis on bascule sur le Rhône. Il faut sans cesse débarquer et pousser les kayaks : on le fait des dizaines de fois sans jamais rechigner. Arrivés sur le Rhône, on alterne dodo dans le kayak pour l’un et pagayage pour l’autre. Le silence est là, on joue avec les castors qui viennent à notre rencontre. La nuit est belle. C’est magique !! On sait pourquoi on est là : en profiter !!! Avancer et positiver toujours !!!

On arrive à l’AT et on pose 3 h de dodo obligatoire. Il fait froid le matin mais ça va repartir direct dans le pentu en VTT.
Nous repartons au petit matin sur cette étape de transition….23 bornes en VTT ça devrait filer..ben tiens tu rêves petit aventurier…Première boulette qui nous fait perdre 1h30 sur une sente où franchement tout coïncidait entre la carte et le terrain…manque de bol, la vraie sente était à 20 m de la première. Heureusement on n’est pas seul sur le coup les Bomberos sont avec nous et on oriente à 4 sur ce petit coup de Pascal…La suite est pas du tout roulante, des longues montées et des descentes techniques…On voit le bout après 7h30 d’efforts à lutter contre le soleil, la carte. L’équipe est toujours dans un good spirit, on se parle, s’encourage, on s’alimente correctement. C’est la clef pour réussir cette expédition (et oui c’est comme cela que Pascal Bahuaud trace un RIF : une expé où l’équipe doit se débrouiller seule sans jamais croiser un village rempli de boulangeries, charcuteries, pizzeria…back to nature !!!La devise et on y est en plein dedans !!!)
On part ensuite sur le kayak de 51 km : on doit descendre le Rhône et remonter l’Ardèche sur 13 bornes ensuite…un pur plaisir !!! L’équipe avance bien en kayak, le Rhône est magnifique, sauvage (qui l’aurait cru ?) La remontée de l’Ardèche s’effectue de nuit (notre 2ème déjà…) Il faut charrier les kayaks sur les rochers pour passer les rapides, jouer dans le contre courant pour remonter cette belle rivière et s’enfoncer dans les gorges de l’Ardèche. Seb se la joue terminator et tracte les kayaks avec une facilité déconcertante. Soudain un bruit sourd dans la nuit : Clem vient de taper son pied dans un gros rocher : la douleur est vive, l’homme est touché. On finit la section vers minuit : heureux d’avoir tenu 10 h sur cette ballade nautique (un très bon temps il semble).
On recharge les batteries : lyophilisé, céréales bio, saucisson.
Nous décidons d’enchaîner à 1h du mat et de poser les heures de sommeil au prochain CP.
Le trek fait 33 km avec spéléo et cordes au milieu.
Clem oriente, les gorges de nuit sont superbes, nos frontales se reflètent dans cette immensité sauvage. Mais Clem boîte et ça c’est pas cool ! On arrive à la spéléo. Remontée sur cordes puis passage dans la grotte où on doit trouver 3 balises. Le Topo est pourri on trouve celle du début et celle de sortie. Quid de la 2ème ? Clem reste avec Fred qui a décidé d’opérer l’homme et son ongle récalcitrant. On repart avec Seb dans cette foutue grotte. On y passe une heure à se traîner dans la boue, glisser, pour enfin tomber dessus. Back to la sortie retrouver nos compagnons. Clem est mal, le perçage de l’ongle n’a pas fonctionné. Le doute s’installe. L’abandon est évoqué…rapidement. On pose 2 heures de sommeil en espérant que les anti-inflammatoires fassent effet.
Le réveil est difficile, l’équipe DSN74 sort de la grotte. Clem serre les dents et nous repartons sur le trek : objectif : voir le médecin de course au prochain CP. L’orientation est compliquée, on joue avec les clôtures de chasses gardées. On se lacère les jambes comme jamais pour trouver notre chemin : le cap, toujours le cap, rien que le cap…
On enchaîne bien jusqu’au rappel (le doc n’a pas de solution pour l’ongle de Clem alors on continue même si je sais qu’à chaque impact contre une pierre une racine, il va se tordre de douleurs : mais il est fort, très fort, il tient en prenant sur lui…respect total !!!)
Le rappel est grandiose, 50 puis 70 mètres pour arriver au bord de la rivière…Isabelle est au CP, Béa aussi : séance photos. Profiter de ces moments, montrer que l’on va bien pour que les autres qui sont derrière leur ordi soient rassurés…On y pense souvent, c’est aussi ce qui fait avancer…on les aime et on les remercie d’accepter cette vie un peu folle.

Toujours positiver, avancer, se dire que plus on progresse plus, plus on se rapproche de notre rêve : finir un RIF…
La 2ème partie du trek est tendue en orientation mais avec Clem on se cale tous les 2, l’un répare la faute de l’autre et l’on enchaîne jusqu’à l’AT que nous atteignons en début de soirée. Sacré chantier ce trek mais que c’était beau.

Les bénévoles de l’AT sont aux petits soins, mots d’encouragements, sourires, regards rassurants. Tout ce qui nous fait dire que l’on est bel et bien dans la course. C’est cool.
Nous attaquons notre 3ème nuit. La première balise est une horreur, on y passe 4h avant de la trouver, on se cale, se recale. Légers moments de tension dans l’équipe. On finit par trouver une cabane de chasseurs chauffée avec en guise de tapisserie, une carte IGN agrandie : on se recale et trouvons facilement la balise. Retour à la cabane pour 1 h de dodo off, Le CP est trop loin pour enchaîner et l’équipe est fatiguée. Nous repartons dans la nuit et nous arrivons au petit matin pour le départ du kayak.
Cette boulette peut coûter cher mais on ne s’affole pas. Petite interview pour Endorphin Mag au départ du kayak où Tof nous attendait mais nous sommes un peu en retard sur nos prévisions…
Le kayak est court 2h, on en profite pour manger, les compotes le fruit de l’exploit de Lucien Georgelin sont un véritable régal (toujours frais, nourrissant).

On enchaîne avec un trek de 19 km avec passages en rivières histoire de se mouiller les pieds justes secs…La 3ème balise est un col à trouver. Clem veut l’attaquer en direct dans le coude de la rivière. On y va, 150 d+ dans un champ d’ajoncs…un pur bonheur !!! Surmotivés par la dead line du soir et le fameux cut que l’on veut éviter on se lance à corps perdu dans l’ascension. J’atteins la crête et bascule à gauche. Je trouve la balise. Demi tour on s’échappe vite de là ….On redescend rapidement et c’est parti pour la fin du trek. Je suis heureux : on va passer le premier gros barrage horaire : on ne le sait pas encore mais des équipes ont déjà été shuntées par l’orga.
On arrive à 20h : 2 h avant le cut. C’est cool, je suis heureux même si le chantier qu’il reste encore semble démesuré…Positiver toujours, y croire et surtout avancer …lentement mais avancer.
Transition où il faut recharger le bonhomme : au sens propre car on amène le baudar et les chaussures de trek.

En effet on s’attaque au gros morceau du raid : 70 km de vtt avec 4 km de trek au milieu. La section avec 2300 D+. Le juge de paix.
On pose 2h de dodo avant de partir (et oui ça fait quand même un moment qu’on n’a pas posé du sommeil)

On part en pleine nuit. Ca grimpe fort, il faut rejoindre le Tanargue prendre des pistes forestières, trouver des CP (l’habitude quoi….) Mes yeux se ferment tout seul. Je lutte contre le sommeil. L’équipe n’avance pas vite. Nous décidons de planter la tente et dormir 45 min à l’abri du vent. On s’effondre tous les 4. Pas de bip bip qui nous réveille mais le bruit de la pluie et les lueurs du jour. Aie Aie Aie !! On sera resté 3 heures dans notre modeste tente à ronfler comme des biens heureux !!!!Au moins l’équipe est reposée et le jour nous permet d’orienter plus facilement et de voir le chemin qu’il nous reste à faire….Des longs portages, des descentes techniques, le VTT charge, les hommes aussi. On s’encourage, c’est dur pour tout le monde mais c’est la dernière grosse section de VTT. C’est long, on y passe la journée. J’ai oublié que c’était mon anniversaire aujourd’hui, Seb me l’avait rappelé la veille à minuit. Un dernier portage, nous sommes exténués, on est vendredi. Juste avant l’arrivée, le road book indique suivre le balisage. On le suit tout simplement. J’ai un doute quand même sur la carte, je serais bien allé à gauche pour rejoindre l’AT. Erreur de trop on grimpe et redescend du mauvais côté. Je m’excuse auprès de l’équipe. Je m’en veux de leur faire subir ce portage de trop, on n’en avait pas besoin. Les larmes coulent le long de mes joues : la section a été dantesque et même jusqu’à l’arrivée il faut être vigilant. L’émotion est trop forte, j’ai juste besoin de verser quelques larmes pour me remettre en mode adventure racer.
L’AT est là, enfin, on retrouve nos caisses, on vide le sac, démonte les VTT. Il nous reste 40 km de trek, un petit VTT et la voile. Rapide discussion avec l’orga car je sais qu’avec le temps qu’il nous reste ça va être impossible de rallier l’arrivée. On pose nos 4 dernières heures de sommeil obligatoires.

On nous réveille au bout de 2h 45 de dodo et on nous explique que nous sommes transférés jusqu’au CP 28 où l’on reprend la course à ce moment là. Sage décision de l’organisation qui fait tout pour que chacune des équipes soit finisher. On ne sera pas full race mais peu importe on va faire 20 km au lieu de 40 en trek. Ça veut aussi dire qu’on va y arriver. Je suis heureux, je profite un max de ces instants irréels, l’équipe est en voie de réussir son défi : nous y sommes tous les 4 depuis dimanche soir minuit et c’est la dernière nuit…On démarre le trek vers 3 h du mat : Clem a la carte : 1ère balise nickel, 2ème balise un pierrier énorme : on trouve la balise en 10 min alors que certaines équipes y passeront des heures….c’est ça le RIF : ne jamais désespérer, y croire toujours, avancer surtout avancer.
On arrive à l’AT, Isabelle est là elle nous sourit, nous parle, nous donne quelques news. C’est cool, elle fait le relais de nos chers et tendres restés à la maison.
VTT 28 km : la dolce vita : une piste qui nous ramène à Devesset. Micro sieste à la balise 1. On savoure mais on est pressé d’arriver.
Dernier démontage des VTT : on enchaîne par la section finale : la voile sur 1 km, on rame un peu car le zef est quasi nul. On débarque. Champagne de Pascal, on se serre dans les bras…Nous y sommes. C’est terminé.
L’émotion est forte, le bonheur d’être allé au bout, d’y avoir toujours cru, de s’être sorti de situations très délicates ….C’est ça le RIF : une guerre mentale où rien n’est épargné, rien n’est gagné à l’avance.

S’en suit le traditionnel matossage, lavage de la bête, les bières qui coulent à flots mais d’abord il faut appeler la maison.
Entendre juste le son de sa voix, celle qui a gardé la tribu toute la semaine, celle qui m’a porté tout le long de ce raid, qui a cru en moi, qui m’a dit d’en profiter, celle qui partage ma vie, qui couve notre dernier petit raideur, celle qui fait que l’aventure continue tous les jours ensemble.

Merci donc à toi, Fabienne de m’avoir accompagné dans ce rêve un peu fou : courir un RIF.

Merci à Cédric qui a assuré le suivi live 24h/24 derrière son ordi, tu as du pester sur certains choix d’itinéraires, nous savons que vivre par procuration n’est pas ton truc alors la prochaine fois tu seras de la partie c’est sûr mec !!!

Et l’équipe, quelle équipe !!! Fred toujours aussi fringuante, autonome, sûre d’elle, pas un coup de mou, une vraie perle pour une équipe. Bravo championne !!!

Seb, mon pote, on en a rêvé, on en a discuté des soirées et des nuits…on y a cru tout le temps et on l’a fait. Bravo pour ta ténacité, ton état d’esprit et ta bonne humeur.

Clem, mon clem, tu as été énorme, tu as pris sur toi la douleur, je sais que tu as souffert mais tu as voulu terminer pour l’équipe, parce que c’était une équipe justement !!Bravo mec, personne ne pourra nous l’enlever celle là !!!!

Pour marque-pages : Permaliens.

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